Une 1re naissance au CHU chez une femme ayant eu un prélèvement ovarien suivi d’une greffe de fragments ovariens

Dissection de l’ovaire en petits fragments avant congélation
La préservation de la fertilité d’indication médicale est inscrite dans la Loi de Bioéthique de 2021 et dans le guide des bonnes pratiques rédigé par l’Agence de la Biomédecine (ABM) et l’Institut National du Cancer (INCA). Ainsi, toute femme (et homme) devant subir un traitement potentiellement stérilisant doit se voir proposer une préservation de sa fertilité, pour l’obtention d’une grossesse ultérieure ou d’une sécrétion hormonale.
Cette 1re naissance au CHU vient d’avoir lieu chez une femme ayant eu un prélèvement ovarien suivi d’une greffe de fragments ovariens.
Ces techniques de préservation de la fertilité, mettant en jeu plusieurs services du CHU (Gynécologie-Obstétrique, centre d’AMP, Oncologie médicale, Pédiatrie, Anatomopathologie), témoignent de la parfaite collaboration de ceux-ci dans le but de restaurer la fertilité des femmes (et des hommes) ayant subi un traitement potentiellement stérilisant.
Pour la femme, deux techniques peuvent être mises en œuvre : le prélèvement d’ovocytes matures après une stimulation ovarienne (possible en cas de cancer non-hormonodépendant, et à condition d’avoir un laps de temps de 3 semaines avant le début de la chimiothérapie) ou le prélèvement d’un ovaire (seule technique possible avant la puberté, nécessitant 2 à 3 jours pour sa réalisation).
Cette 1re naissance concerne une femme née en 1991, chez qui fut découvert en 2015 une maladie de Hodgkin de stade IV, pour laquelle une poly-chimiothérapie à potentiel stérilisant (BEACOPP) a été prescrite. Avant le début de celle-ci, le prélèvement d’un ovaire a été réalisé par coelioscopie.
Cet ovaire a été techniqué au laboratoire de Biologie de la reproduction du CHU, consistant à découper l’ovaire en petits fragments (photo dissection) et à les congeler dans l’azote liquide (- 196° C).
L’absence de maladie hématologique au niveau de ces fragments a été vérifiée en anatomo-pathologie.
En 2017, cette femme, suivie régulièrement, est déclarée en rémission persistante de sa maladie de Hodgkin. En 2021, elle souhaite effectuer une greffe de ses fragments ovariens en raison de l’insuffisance ovarienne (dosage de l’hormone anti-Müllerienne à 0,06 ng/ml ; normale > 1,6 ng/ml) et de son désir de grossesse non abouti.
La greffe ovarienne aura lieu le 21 avril 2022, consistant à déposer sous le péritoine (à l’emplacement de l’ovaire enlevé)
15 fragments ovariens décongelés. Deux mois plus tard, cette greffe ovarienne est active comme en témoigne la présence de follicules en son sein.
Le 2 mai 2023, cette femme débute sa première grossesse (photo Grossesse intra-utérine après greffe ovarienne), qui sera suivie régulièrement à la maternité de l’hôpital Morvan.
Le 27 janvier 2024 naît une fille de 3 695 g à terme.
Il s’agit de la première naissance post-greffe ovarienne dans notre établissement. Le centre d’assistance médicale à la procréation du CHU est autorisé depuis de nombreuses années à la pratique de la préservation de la fertilité d’indication médicale et de nombreuses conservations dans ce but ont été réalisées. Trois autres femmes ont depuis été greffées et nous attendons la survenue de nouvelles grossesses.

Grossesse intra-utérine après greffe ovarienne