Recherches et Innovations Paramédicales
Le masseur-kinésithérapeute dispose d’un large champ de compétences au sein duquel sont regroupées différentes spécialités médicales telles que la cardiologie, la pneumologie, la pédiatrie, la neurologie…
De nombreuses affections chroniques nécessitent un véritable accompagnement du patient tout au long de sa vie avec sa maladie entrainant fréquemment un handicap.
Une étude publiée sur Clinical rehabilitation, à laquelle a participé Marc Beaumont, kinésithérapeute au CHU, porte sur la différence minimale importante pour la force musculaire inspiratoire évaluée par la pression inspiratoire maximale (PIM) chez les personnes atteintes de BPCO.
La rééducation des muscles inspiratoires est recommandée pour les personnes atteintes de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) présentant une faiblesse des muscles inspiratoires. L'interprétation clinique des changements de la force musculaire inspiratoire pourrait être facilitée par la détermination de valeurs seuils.
Abstract de l’étude étude RCT EMI2
Conception
Une analyse post hoc d'un essai contrôlé randomisé (étude EMI2) incluant des personnes atteintes de BPCO sévère à très sévère suivant un programme de réadaptation pulmonaire a été réalisée. La détermination de la différence minimale importante a été réalisée à l'aide de méthodes basées sur l'ancrage et sur la distribution.
Cadre de l'étude :
L'étude inclut les patients admis dans l'unité du programme de réhabilitation du Centre Hospitalier des Pays de Morlaix (Morlaix, France) entre le 5 mars 2014 et le 8 septembre 2016.
Participants à l'étude
Soixante-treize personnes atteintes de BPCO sévère à très sévère (âge 62,2 ± 8,0 ans, volume expiratoire forcé en 1 s 36,4 ± 9,5 % de la théorique) ont été analysées.
Intervention
Les patients ont suivi un programme standardisé de réhabilitation pulmonaire 5 jours par semaine pendant 4 semaines. Le programme comprenait un entraînement aérobie, un entraînement à la marche au sol en extérieur et un renforcement des muscles des membres inférieurs et supérieurs.
Mesures principales
À la fin du programme de réhabilitation pulmonaire, la PIM s'est améliorée de 14,8 ± 14,9 cmH2O (p < 0,05). En ce qui concerne la méthode basée sur l'ancrage, seul le Medical Research Council modifié a été sélectionné comme ancrage approprié. L'analyse de la courbe caractéristique d'exploitation du récepteur a révélé une différence minimale importante de 13,5 cmH2O (sensibilité : 75 %, spécificité : 67,5 %). En utilisant des méthodes basées sur la distribution, l'estimation de la différence minimale importante était de 7,9 cmH2O (méthode de l'erreur standard de mesure) et de 10,9 cmH2O (méthode de l'effet de taille).
Résultats
Les estimations proposées par cette étude varient de 7,9 à 13,5 cmH2O.
Conclusions
La mesure de la différence minimale importante est un outil simple pour évaluer les changements de la force musculaire inspiratoire au cours d'un programme de réhabilitation pulmonaire. Nous proposons une différence minimale importante de 13,5 cmH2O pour l'amélioration de la PIM. D'autres études sont nécessaires pour confirmer cette estimation.
Identifiant ClinicalTrials.gov : NCT02074813
Découvrez le rôle des kinés dans le parcours de soins des patients :
Le masseur-kinésithérapeute avec ses compétences multiples est l’un des acteurs clés dans ce type de prise en soin à long terme. Il est important de mettre en lumière son rôle dans ce parcours, par sa proximité avec le patient et au vu du temps passé à ses côtés en rééducation. Le masseur-kinésithérapeute possède une place centrale dans cette prise en soins grâce à ses compétences techniques en rééducation, ses compétences relationnelles et son soutien et sa stimulation motivationnelle. La motivation est un élément majeur pour favoriser et soutenir l’effort rééducatif lors de prises en soins qui seront relativement longues. Le kiné pourra proposer des exercices variés, devra tenir compte de la pratique basée sur les preuves scientifiques et des aspirations du patient, être sensibilisé et à jour avec les nouvelles pratiques et guidelines, contribuer aux nouvelles pratiques et innover ses prises en charges. En bref, le rôle clé du kiné doit se baser sur la pratique basée sur les preuves scientifiques en s’adaptant à la situation clinique et psychologique de chaque patient : il y a une nécessité d’avoir des professionnels efficients pour un parcours de soins optimal. Ce dernier se traduit par pouvoir d’accompagner au mieux un plus grand nombre de patients dans leur prise en charge clinique et thérapeutique qui peuvent être longues, avec l’objectif d’optimiser leur qualité de vie.