Publication : l’étude EPSS1, première étude prospective à apporter de l’information sur le risque de récidive thromboembolique en cas d’embolie pulmonaire sous-segmentaire non traitée.

Entre février 2011 et février 2021 (10 ans d’étude), 749 patients avec embolie pulmonaire (EP) sous-segmentaire ont été approchés par le CHU de Brest (Pr. Grégoire Le Gal via CIC et DRCI) en vue d’une participation à l’étude EPSS1 dans l’un des 18 centres participant (8 au Canada, 7 en France, 2 aux Pays-Bas et 1 en Suisse).
L’hypothèse principale de l’étude était que le risque thromboembolique à trois mois dans cette population ne serait pas supérieur à celui observé chez les patients investigués pour suspicion d’EP mais chez lesquels les examens diagnostiques sont négatifs.
Le taux d’évènement thromboembolique s’est avéré supérieur au chiffre attendu, conduisant à l’arrêt prématuré de l’étude sur recommandation du comité de surveillance.
Toutefois, ce risque thromboembolique de 3,1% à trois mois paraît bien inférieur à celui attendu chez les patients avec EP plus proximale, bien que nous n’ayons pas d’étude récente à ce sujet, le traitement anticoagulant étant la règle pour tout patient atteint d’EP. Ce risque est aussi à mettre en perspective avec le risque d’hémorragie majeure encouru sous un traitement anticoagulant curatif de 3 mois. Ce risque était de 3% dans un essai randomisé récent. Ainsi, la balance bénéfice-risque du traitement anticoagulant dans cette population reste difficile à apprécier.
L’étude a identifié un certain nombre de modulateurs du risque (le caractère unique ou multiple de l’EP sous segmentaire ainsi que l’âge du patient ou encore la présence d’une thrombose veineuse profonde (TVP) distale) qui pourraient être utiles pour la prise de décision clinique.
L’étude a montré aussi l’importance de réaliser un écho-doppler systématique des membres inférieurs même en l’absence de symptômes de TVP chez les patients pour lesquels la décision de traiter par anticoagulants est incertaine. 10% des patients avec EP sous segmentaire avaient une TVP concomitante. Ce chiffre est moins élevé que chez les patients avec EP plus proximale (environ 40% de TVP) mais la présence d’une TVP pose de façon certaine l’indication à un traitement anticoagulant.