L’hôpital compte 180 applications informatiques

Ouest-France du 10.11.2021*
Juliette Genestière est responsable des applications métiers du CHU. Elle gère le système informatique pour une fluidité et une sécurisation maximum.
Rencontre
«Informaticienne moi ? Ah non pas du tout ! sourit Juliette Genestière derrière son masque. C’est le hasard de la vie qui m’a fait découvrir ce métier passionnant ! » Commerçante pour une enseigne de surgelés, Juliette est victime d’un accident du travail en 2012. Handicapée du dos et des cervicales, elle entame une reconversion professionnelle pendant quatre ans et découvre l’informatique.
Embauchée au CHU de Brest le 8 mars 2020, à quelques jours du premier confinement, la trentenaire est formée en trinôme pour apprendre les bases du métier. « L’hôpital compte 180 applications générales ou propres à chaque service. Pour ma part, je gère l’application des résultats d’analyses médicales du laboratoire, celle de la stérilisation, de la chimiothérapie et de la pharmacie et quelques autres applications. »
Suivre le parcours de soins de chaque patient
Comme Juliette, ils sont une quinzaine à gérer ces applications au sein de la Direction du service informatique (DSI). Le but ? Faciliter et suivre le parcours de soins de chaque patient depuis son premier rendez-vous médical, son entrée à l’hôpital, ses examens, ses radios, opérations, etc. jusqu’à l’envoi du dossier à son médecin de ville. « Notre rôle consiste à vérifier que tout marche bien, à apporter aux soignants un outil fonctionnel et stable, et à répondre aux nouveaux besoins que nous font remonter les services. »
Le métier consiste donc à la fois à assurer le maintien de l’existant et réparer les bugs, mais aussi à répondre aux demandes de nouvelles fonctionnalités émises par les différents services. Certaines sont difficiles, voire impossibles à mettre en œuvre, d’autres prennent du temps. Plusieurs mois, plusieurs années parfois.
« Une grosse araignée géante »
Le métier implique une communication parfaite avec tous les services pour que les ordinateurs « se parlent entre eux ». « Le système informatique d’un hôpital c’est comme une grosse araignée géante qui, à partir du cœur central, tisserait autour d’elle une toile gigantesque », explique Juliette Genestière. Un monde hyperconnecté au-dessus duquel plane le cauchemar de tout informaticien. Le bug grave, l’arrêt des systèmes voire le piratage.
« Bien sûr, on y pense, sourit Juliette. Même si des équipes travaillent à nous prémunir de ça. Nous avons également des rotations d’astreinte la nuit et les week-ends.
Pour faire face aux coupures programmées ou accidentelles du système, les soignants disposent d’un ensemble de « procédures dégradées » pour assurer a minimale suivi des opérations pendant un laps de temps très court. « De quelques minutes à plusieurs heures où ils doivent faire les choses à la main, passer des coups de téléphone, une façon de travailler à l’ancienne. »
Le Dossier Patients Informatique (DPI) qui sera mis en œuvre à partir de 2023 fait partie des grands projets du CHU. Avec lui, c’est tout le logiciel central de l’hôpital qui va être changé pour répondre à l’évolution des besoins. Un gros travail en perspective, et de nouveaux process de travail.
« Ce qui est formidable dans ce métier, c’est son caractère évolutif et toujours en mouvement. Je ne m’ennuie jamais un seul instant. Savoir qu’en plus, j’exerce ce métier dans le domaine de la santé, au service du bien-être des soignants comme des patients donne un vrai sens à mon métier. »
*En partenariat avec la rédaction