À l’hôpital, « acheter, c’est un travail d’équipe »

CHU de Brest
26/10/2021
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Du transport de prélèvements à l’hélico du Samu, en passant par la blanchisserie, Jean-Christophe Larvor est acheteur à l’hôpital de Brest, depuis 2013.

 

Ouest-France* - 29.06.2021

Rencontre

Parcours atypique pour cet homme souriant à la carrure athlétique. Après une formation universitaire en Staps (sport) qui le propulse dans l’événementiel sportif pendant quatre ans, Jean-Christophe Larvor découvre la vente de fournitures industrielles et la relation avec les fournisseurs. « Un lien qui m’a naturellement montré que je préférais les achats à la vente ».

 

En 2013, il est embauché comme acheteur à la direction des achats généraux du CHRU Morvan. Un service de cinq personnes qui brasse plusieurs millions d’euros par an, dans des secteurs aussi divers que la blanchisserie, la cuisine, les produits d’entretien, le gardiennage ou le transport, le secteur poids lourd du service. « Mon rôle consiste à trouver les prestataires pour tout ce qui est transport de prélèvements, un sujet hautement sensible, précise Jean-Christophe Larvor. Un prélèvement, c’est à la fois précieux et fragile avec une durée de vie limitée. Le moindre couac logistique peut être catastrophique et cela arrive encore trop souvent. » De fait, le transporteur fiable à 100 % n’existe pas et chaque année, il y a entre 0,5 % à 1 % d’échecs. Des prélèvements perdus, mal orientés ou réfrigérés, oubliés sur un quai.

Hélico du Samu, avions sanitaires

Le transport de personnes est une autre mission assurée par Jean-Christophe Larvor. « Comme Rennes et Saint-Brieuc, nous avons à Brest un hélicoptère du Samu dont nous achetons la mise à disposition sur la base de 550 heures par an pour une durée de dix ans. L’enveloppe de cette prestation hélico est de 50 millions d’euros pour les trois hôpitaux. » Le choix de l’appareil est là encore décisif. Quel type choisir ? Combien de places ? Pour quels trajets et quelle autonomie ?

Outre l’hélico du Samu, Jean-Christophe Larvor gère également la flotte des ambulances et des avions sanitaires. « Notre propre parc d’ambulances étant restreint, nous devons passer des marchés avec des prestataires privés. Là encore, c’est tout un travail d’équipe qui va permettre de définir nos besoins et optimiser nos coûts. Ce seul poste pèse à lui seul plus d’un million d’euros par an. »

Le marché passé avec l’opérateur d’avions sanitaires est une autre responsabilité lourde de conséquences. « Bien souvent, il s’agit de faire partir en urgence un patient qui doit être opéré à Paris dans un service particulièrement pointu. Souvent des enfants avec des malformations cardiaques rares. Quand on nous appelle parce qu’une place vient de se libérer, nous devons être opérationnels dans les heures qui suivent. »

L’ensemble de ce secteur transport terrestre et aérien représente pour Jean-Christophe Larvor une enveloppe de 4 à 5 millions d’euros par an. Et très peu de marge de manœuvre ! Régis par le Code de la commande publique, ces appels d’offres ne sont en effet pas négociables. « Pour nous, plus les achats ont un volume important en termes de dépenses, moins on peut négocier ! C’est une règle du jeu un peu étrange pour un acheteur de la grande distribution ! »

 

La blanchisserie

Si le secteur transport représente la plus grosse activité de Jean-Christophe Larvor, il s’occupe également de l’achat de linge et de machines pour la blanchisserie, « des machines hypercomplexes qui peuvent aller jusqu’à 550 000 € pièce ! » Et jusqu’à l’achat de travaux liés à l’électricité, au chauffage ou à la voirie du CHU. « Quand un trottoir de l’hôpital est à refaire, c’est à moi de trouver les sous-traitants », explique le responsable des achats.

Homme-orchestre, couteau suisse du CHRU, Jean-Christophe Larvor gère à lui seul une enveloppe globale de 10 à 15 millions d’euros par an d’achats généraux, hors investissement, toutes missions confondues. S’il signe au bas du chèque, Jean-Christophe Larvor ne fait rien seul. « Acheter, c’est un travail d’équipe. Pour la moindre décision, ce sont des heures de réunions avec la direction, les équipes médicales, l’ARS… On n’est pas seul responsable d’un acte d’achat. »

*En partenariat avec la rédaction