Le technicien codeur aussi vital que le médecin

CHU de Brest
09/11/2021
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Depuis la mise en place de la facturation à l’activité (T2A), Philippe Bauwens traduit l’information médicale en codes, la base de la facturation.

Ouest-France* - 13.10.2021

 

Rencontre

 

Il ne porte pas de blouse blanche, mais il est aussi soumis à un secret médical strict. Après le médecin qui connaît tout de son patient, il y a Philippe Bauwens ! Ou plus exactement, son service de techniciens codeur de l’hôpital… Un métier neuf, âgé d’une dizaine d’années seulement. Il est né avec la mise en place de la T2A, ou tarification à l’activité. Un métier stratégique. « Nous sommes une cellule vitale dans la gestion financière de l’hôpital. » Aussi importante que le soin pour la bonne santé des établissements privés ou publics.

« Avant, les hôpitaux recevaient une enveloppe financière globale de l’État, estimée à partir des données fournies par les médecins. Désormais, les établissements sont rémunérés selon l’activité effectivement réalisée », explique cet ancien infirmier de 56 ans, devenu codeur médical dans le cadre d’une reconversion professionnelle en 2012.

Il précise : « Le compte rendu d’hospitalisation de chaque patient détaille les soins, examens et éventuels comptes rendus d’opération qu’il a reçus. À chaque geste médical correspond un code, qui correspond à un coût. » La somme fait l’objet d’une facturation, remboursée par la Sécurité maladie ou payée par le patient, et qui viendra alimenter le budget de l’hôpital.

 

« Être exhaustif »

Le codage médical est un métier méconnu, « même au sein de l’hôpital, assure Philippe Bauwens. Tous les soignants ne savent pas que chacun de leurs gestes fait l’objet d’une facturation. »

Philippe Bauwens est le seul homme dans l’équipe de dix techniciens codeurs de la Cavale-Blanche. Sur son grand bureau, deux écrans. De 8 h à 16 h, il scrute les comptes rendus d’hospitalisation et les traduit en codes. C’est un métier complexe, moins routinier qu’il n’en a l’air et qui demande des capacités d’analyse.

« L’objectif est d’être le plus exhaustif possible. » Surtout ne rien oublier d’un acte remboursable. Codeurs doivent respecter des règles strictes. Leur « bible » est un « énorme bouquin » appelé la Classification internationale des maladies. Avec « des milliers de codes réactualisés chaque année », et des « descriptions très précises des maladies ». Il y a aussi un code méthodologique, etc. Le travail des codeurs est vérifié par la Sécurité sociale. Attention aux amendes en cas d’erreur.

Pour autant, la codification n’est pas toujours un acte simple. Certains comptes rendus sont incomplets ou imprécis. C’est parfois au technicien d’aller « à la pêche aux codes » pour « ne pas louper la meilleure facturation possible ».

Ils sont classifiés selon de niveaux de remboursement qui vont de 1 à 4, ce dernier étant le plus rémunérateur. Il concerne les soins très coûteux, comme ceux prodigués en réanimation, par exemple.

 

« À la pêche aux actes de niveau 4 »

« On va à la pêche aux actes de niveau 4, reconnaît Philippe Bauwens. C’est un objectif mais pas un but en soi. » Pas le choix. La Sécurité sociale fait des économies et diminue les remboursements. Les hôpitaux doivent compenser en augmentant l’activité, par exemple, en développant la chirurgie ambulatoire.

Philippe Bauwens traite un « panier » de 140 dossiers de patients en hospitalisation complète, par semaine, soit environ 28 dossiers par jour. « Il me faut entre dix minutes à une heure et demie, selon la complexité. En cas de doute, on discute avec ses collègues ou avec le médecin Dim (direction de l’information médicale). »

Le service a connu une petite révolution il y a deux ans. « Avant, chaque codeur était spécialisé dans une discipline. Moi, c’était la réanimation. Désormais, on est tous amenés à traiter n’importe quelle pathologie. »

L’objectif est aussi de délivrer une facture plus rapidement au patient après son séjour hospitalier.

 

*En partenariat avec la rédaction