Le pilote de l’hélicoptère du Samu affronte la météo

Avec près de 800 missions par an, Tonnerre 29 est l’un des hélicoptères les plus sollicités de France. Rencontre avec l’un de ses pilotes, Jean-Philippe Pieczak.
Ouest-France* du 3.02.2022
Malgré le froid et la nuit qui tombe, Jean-Philippe Pieczak ne tarit pas d’éloge devant son hélicoptère, posé sur le tarmac. Un bijou de technologie à six millions d’euros, au service exclusif du CHU de Brest, qui vient d’en renouveler le contrat pour dix ans.
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Nous sommes à la disposition du Samu 24 heures sur 24, explique Jean-Philippe Pieczak, 55 ans. Il est pilote et chef de base du Samu de Brest depuis 2009, après vingt-cinq ans d’aéronavale. Nous sommes six équipages de deux personnes, un pilote et son assistant de vol, un binôme de jour, un binôme de nuit. Toujours en alerte. Le but ? Arriver au plus vite auprès des accidentés ou des malades quand une ambulance ou les pompiers mettraient parfois près d’une heure.
Le facteur le plus important : la météo
Tout commence par un appel du 15. Le régulateur du centre d’appels va décider du meilleur moyen de transport, dès lors qu’un patient se trouve à plus de 20 minutes de Brest. « Quand le téléphone sonne, la première question, c'est “Peux-tu aller à tel endroit ?” », explique Jean-Philippe Pieczak. La réponse doit être quasi immédiate. Le facteur le plus impactant est la météo : le vol en hélicoptère est un vol à vue. Nous devons avoir de la visibilité tout au long du trajet. C’est la raison pour laquelle nous devons aussi avoir une parfaite connaissance de la région. 25 % des missions demandées sont annulées à cause de la météo. Ici, elle est très capricieuse, d’autant que nous couvrons le Finistère-Nord, Crozon mais aussi les îles, poursuit le chef de base.
5 min pour rejoindre Camaret, 13 pour Ouessant
Il faudra sept à neuf minutes pour que l’hélicoptère décolle avec le pilote, son assistant de vol, un médecin et un infirmier. La nuit, il faudra quinze minutes. Tonnerre 29 mettra cinq minutes pour atteindre Camaret, treize pour Ouessant et dix à quinze pour le Finistère-Nord.
« On ne dort pas beaucoup »
Arrivée sur place, l’équipe médicale part au-devant du patient avec l’aide de l’assistant de vol. C’est lui qui va acheminer le matériel hors médical, comme le brancard. La station de l’hélicoptère sur place peut durer de quelques instants à quelques heures, poursuit Jean-Philippe Pieczak. Il est 20 h quand il termine sa journée, l’heure est à la rotation des binômes. L’équipe de jour part dormir dans l’appartement loué en ville, pour ne pas avoir à faire trop de route entre le soir et le matin, l’autre prend les commandes pour affronter la nuit. Nous avons environ quinze sorties par semaine, soit près de 2,2 vols par jour. On ne dort pas beaucoup !
« Une intervention sur deux ressorts de la cardiologie »
Le Docteur Noureddine Chahir, directeur du Samu 29, précise : on ne donne jamais le motif de la mission au pilote. Cela pourrait influencer sa décision. Or, le seul critère du vol doit être purement technique. L’âge, l’identité, le sexe du patient ne lui sont pas plus communiqués.
Une intervention sur deux ressorts de la cardiologie, précise le Dr Chahir. Le reste se partage entre la traumatologie lourde, avec les accidents de la route ou les chutes, les besoins urgents d’analgésiques et les AVC (Accidents vasculaires cérébraux). » Dans l’hélicoptère, le patient va bénéficier des premiers soins et d’une surveillance rapprochée, grâce à une batterie de machines embarquées.