Le CHU débute les préservations sociétales

Avant la loi de bioéthique de 2021, les femmes en France n’avaient pas la possibilité de faire prélever et conserver leurs gamètes sauf dans deux situations : avant le traitement d’un cancer ou tout autre traitement susceptible d’altérer la fertilité, et, depuis 2015, si elles étaient elles-mêmes donneuses d’ovocytes.
La dernière loi de bioéthique de juillet 2021 autorise désormais la congélation d’ovocytes aux femmes qui n’ont pas de projet parental en cours, ainsi que la congélation de spermatozoïdes chez les hommes.
C’est ce qu’on appelle les préservations sociétales. Le CHU de Brest fait partie des deux seuls sites bretons autorisés à le faire.
D’après les décrets d’applications de la nouvelle loi bioéthique, pour pouvoir en bénéficier, il faut être âgée de 29 à 36 ans, la congélation de sperme est aussi réalisable sans motif médical pour les hommes de 29 à 44 ans.
Conserver pour favoriser une chance de grossesse
La fertilité diminuant avec l’âge de la femme, il est ainsi proposé de stocker des ovocytes pour faciliter un projet parental en cas d’âge tardif, retardé volontairement ou par une carrière professionnelle longue comme les sportives de haut niveau. Ce projet est possible que le demandeur soit célibataire ou en couple. Chez les femmes, le CHU propose de réaliser jusqu’à deux cycles de congélation ou l’obtention de quinze ovocytes matures. « Avec le temps, les ovocytes perdent de leur potentiel de grossesse. La congélation permet de figer ce potentiel sans altérer la réserve d’ovocytes. Lors d’un projet futur, nous favoriserons toujours la grossesse spontanée et naturelle, mais en fonction de l’âge auquel ces patientes pourront concevoir, nous serons en mesure d’apporter une aide supplémentaire. Il faut toutefois garder à l’esprit que nous sommes loin d’apporter une garantie de grossesse », explique le docteur Beauvillard, médecin biologiste et coordinateur du centre d’Aide médicale à la procréation (AMP) au CHU.
Un des deux sites autorisés en Bretagne
Une fois congelés, il n’y a pas d’altération des gamètes, il n’y a pas de date de péremption de ceux-ci, toutefois les décrets fixent respectivement à 44 ans et 59 ans l’âge maximal d’utilisation pour les femmes et les hommes. En l’absence de projet parental, les gamètes non utilisés pourront être détruits ou donnés à des couples infertiles comme à la recherche.
Les traitements, le suivi, la ponction, la congélation sont pris en charge par la sécurité sociale à 100 %, seuls les frais annuels de conservation resteront à la charge des patients (environ 40 € annuels).
Depuis mars 2022, cinq patientes ont pu bénéficier de leur premier cycle de stimulation ovarienne en vue de ponction puis de la conservation de leurs gamètes. Une trentaine de femmes ont déjà sollicité les équipes du CHU pour des préservations de leurs gamètes depuis le début de l’année 2022.
Les capacités de stockage sont évolutives. Dans le plan de développement du CHU pour 2023, l’hôpital a pour projet d’agrandir sa salle de conservation et d’augmenter le nombre de leurs cuves d’azote. Actuellement, en Bretagne, les CHU de Brest et Rennes sont les seuls centres agréés pour les préservations sociétales.