Le binôme, clé d’un soin plus fluide et plus humain

CHU de Brest
10/12/2025
Aude Séné- Stéphanie Breneol Roudaut

Depuis la réorganisation de mars 2024, le service d’urologie fonctionne en binômes aide-soignant / infirmier (deux hommes font également partie de l’équipe). Avec un ratio de huit patients pour deux professionnels et des journées en 12 heures, cette organisation, qui s’est appuyée sur une formation prise en charge par le CHU, transforme le quotidien, la qualité des soins et la relation au patient, racontent Stéphanie Breneol Roudaut, aide-soignante et Aude Séné, infirmière.

Pourquoi le travail en binôme a-t-il été mis en place dans votre service ?

  • Aude Séné

    Le binôme AS/IDE est apparu lors de la réorganisation de mars 2024. L’objectif était d’améliorer la prise en charge globale et de réduire les pertes d’informations : moins d’intervenants, moins de transmissions, et des soins plus regroupés.

  • Stéphanie Breneol Roudaut

    Avant, les aides-soignants faisaient toutes les toilettes entre elles et les infirmiers géraient seuls. Maintenant, un infirmier et un aide-soignant pour huit patients, c’est incomparable : plus de temps, plus de qualité, moins de stress. On connaît parfaitement nos patients.

Qu’est-ce que cette organisation a changé dans votre travail quotidien ?

  • Aude

    On priorise ensemble tout au long de la journée. La coordination est plus fluide, il y a plus d’échanges, plus de formation entre nous. La nouveauté faisait peur, mais avec le recul c’est bénéfique pour tout le monde, surtout pour les patients.

  • Stéphanie

    On est beaucoup plus efficaces. Quand il y a des pansements ou des ablations, Aude intervient au moment de la toilette : elle fait son geste pendant que je fais le soin. On descend même d’un étage pour doucher un patient si nécessaire. Et surtout, on se transmet tout en temps réel : transports, changements de planning, infos du patient…

La formation « travailler ensemble » a-t-elle été déterminante ?

  • Aude

    Oui. Je l’ai suivie en septembre-octobre 2023. Elle m’a permis d’amorcer une vraie réflexion avant la réorganisation : comment fonctionne un binôme, comment trouver ma place auprès de l’aide-soignante et auprès du patient, comment répartir les rôles sans les confondre. Cela m’a donné des repères concrets.

  • Stéphanie

    La formation nous a permis de poser les bases. L’intervenante venue de Paris nous a demandé de réfléchir à ce qu’est un binôme et à ce que nous voulions faire évoluer dans notre service. Au début, c’était un croquis un peu brouillon, puis on a travaillé pendant deux jours pour le rendre cohérent, réaliste et adapté à notre fonctionnement. Ça nous a aidé à démarrer sur des fondations solides et à comprendre ce qu’on voulait réellement améliorer.

Qu’est-ce que vous y gagnez, personnellement et professionnellement ?

  • Aude

    Cette organisation valorise notre profession. On peut maintenir la qualité du soin tout en travaillant vraiment ensemble. C’est plus cohérent, plus formateur et surtout plus humain.

  • Stéphanie

    Je ne reviendrai jamais aux journées de 8 heures. Avec les 12 heures, j’ai trouvé un vrai équilibre : mon fils va moins à la cantine ou au centre de loisirs, et j’ai plus de jours chez moi. Dans notre service, on a un énorme turnover - jusqu’à douze sorties dans une journée - alors il faut pouvoir souffler. Le binôme et les 12 heures donnent du sens à ce qu’on fait.