Le 3114, numéro national de prévention du suicide : l’engagement du CHU

Le 1er octobre, le 3114, numéro dédié à la prévention du suicide, a été mis en place au niveau national. Le CHU de Brest fait partie des trois hôpitaux disposant d’un centre de réception d’appel 24/24 en France de ce projet nommé 2NPS. Le CHU a remporté l’appel d’offres du Ministère pour la création et la mise à disposition du système d’information du dispositif afin de faire concrètement fonctionner la plateforme téléphonique nationale et l’obtention d’une antenne ouverte 24h/24. Coordonnateur du pôle « système d’information » du programme, le CHU répond à deux demandes : développer les outils numériques permettant de traiter les appels, ainsi que le site internet et les applications métier
Le docteur Sofian Berrouiguet, psychiatre au CHU et pilote du projet nous en dit plus.
En quoi consiste le projet 2NPS ?
Depuis le 1er octobre, un numéro de téléphone, le 3114, a été mis en place au niveau national. Son objectif est de permettre aux personnes suicidaires d'accéder rapidement par téléphone ou par tchat à un service professionnel d’écoute, d’information, d’évaluation, d’intervention et d’orientation, 24h/24 et 7 jours/7. Cette plateforme téléphonique s’adresse aux personnes en détresse mais également à leurs proches en recherche de conseils. Elle est aussi ouverte aux professionnels. Je pense par exemple aux médecins généralistes qui reçoivent un patient déprimé en consultation lorsqu’il est difficile de l’orienter vers la bonne prise en charge.
Le projet 2NPS doit pouvoir répondre à un large spectre de sollicitations en lien avec le suicide et participe également à la prise en charge de patients anxieux ou en dépression sévère.
Quels types de réponses seront apportés ?
Elles sont de trois ordres : tout d’abord, la plateforme est un espace d’informations et d’écoute, qui peut permettre, dans un premier temps de réduire l’anxiété. Mais elle a également un objectif d’orientation des patients, de coordonner, si possible, ses soins, voire même prendre rendez-vous pour lui dans des structures dans des délais courts. Enfin, des soins en téléconsultations, des interventions et déplacements peuvent même être envisagés en fonction du niveau d’urgence ou en situation de crise.
En quoi la création d’une telle plateforme apporte une réponse pertinente au problème ?
De nombreux professionnels de la prévention en santé mentale militent depuis longtemps pour une unification de la prise en charge de la prévention du suicide. En effet, ces modalités étaient auparavant très disparates, tout comme la littérature scientifique sur le sujet. Bénéficier d’un numéro unique au niveau national permet une prise en charge plus adaptée.
Quel sera le rôle précis du CHU de Brest dans le cadre de ce projet ?
Le CHU a répondu à un appel d’offres du Ministère de la santé sur deux volets : la création et la mise à disposition du système d’information du dispositif afin de faire concrètement fonctionner la plateforme téléphonique nationale et l’obtention d’une antenne ouverte 24h/24 sur Brest. En effet, si le projet est national, et que chaque ARS (Agence Régionale de Santé) dispose d’une antenne joignable de 9h à 18h, seuls trois hôpitaux coordinateurs répondront 24h/24, à savoir Lille, Brest et Montpellier, qui couvriront ensemble toute la France après 18h.
Le CHU de Brest est en outre coordonnateur du pôle « système d’information » du programme et doit répondre à deux demandes importantes : développer les outils numériques permettant de traiter les appels, ainsi que le site internet et les applications métier. Ces commandes ont nécessité le recrutement d’une équipe technique à Brest composée notamment d’ingénieurs et de chargés de projets.
Le projet fait-il office d’expérimentation ?
A priori non, c’est un dispositif pérenne souhaité par le Ministère. Une évaluation devrait être assurée par Santé Publique France d’ici 2023.