La directrice d’Innoveo, professionnelle du don

CHU de Brest
07/12/2021
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Florence Saint-Cas est fundraiser. Elle collecte des dons au profit de la recherche. Un métier tout neuf mais qui carbure. L’an passé, 1,3 million d’euros ont été collectés.

Ouest-France du 14.07.2021*

 

Fundraiser, c’est quoi ? « C’est un professionnel chargé de la collecte de dons. Un métier neuf en région, davantage développé à Paris, explique Florence Saint-Cas, 50 ans, la première à occuper ce poste au CHRU de Brest-Carhaix. Avant c’était du bénévolat. Il s’est professionnalisé. »

Ce métier est né avec la création du fonds de dotation Innoveo, en 2014. « Une idée de Philippe El Saïr, l’ancien directeur du CHRU, rappelle la directrice. L’objectif était de collecter des dons et de les garder en Finistère, au service de notre recherche. » Florence Saint-Cas a pris ses fonctions de fundraiser en 2018. Avant, elle travaillait dans la communication. Elle était directrice de clientèle chez Phileas. Elle disposait d’un excellent carnet d’adresses, condition indispensable dans le fundraising.

 

Une cause de territoire

« J’ai appris sur le tas. » Elle a également obtenu le diplôme d’État de « directrice de la collecte de fonds et du mécénat », en 2019. « On utilise les mêmes méthodes marketing que pour un “territoire de marque”. » Un ensemble de codes de communication reconnaissables. « Notre cause, c’est la santé en Bretagne occidentale. On la “vend” comme si c’était une marque.  »

Des méthodes efficaces. Innoveo s’est développé. En 2017, 150 000 € avaient été collectés. En 2020, 1,3 million d’euros, soit dix fois plus ! Ce sont 7 000 donateurs. Déjà dix projets sont financés, comme l’Hyperion, ce cytomètre de masse qui va améliorer l’analyse des cellules cancéreuses.

L’an passé, Innoveo a aussi récolté 200 000 € dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Ils ont permis d’acheter des tablettes, des « Eye tracking » de reconnaissance oculaire. Vingt-quatre autres appels à projets ont été lancés ! « Deux types de programmes sont soutenus : la recherche médicale et l’accueil des patients. »

Innoveo travaille beaucoup avec les associations. « La relation s’est professionnalisée avec elles. On les aide à trouver des projets. Lesquels sont sécurisés car on met au bout, si besoin », résume Florence Saint-Cas, qui a aussi des talents de diplomate. Une qualité appréciable pour encadrer des associations parfois foisonnantes d’idées et de bonne volonté.

Deuxième type de donateurs : les entreprises. Elles développent leur RSE (réseau social d’entreprise). Et affichent un engagement social. « Si l’hôpital va bien, le territoire va bien ! » Jean-Guy Le Floc’h, PDG d’Armor Lux, est un dynamique parrain d’Innoveo. Une opération aux caisses du centre Leclerc de Kergaradec a rapporté 17 000 € en trois jours. Ce peut être aussi des artistes qui font un don d’une œuvre, vendue aux enchères.

 

« Passionnant »

Enfin, il y a les particuliers. « Plus tu vieillis, plus tu donnes à la recherche médicale… » Le donateur a toujours le choix de l’affectation de son don. Ce peut être aussi des legs dune personne décédée : le « don ultime »« C’est arrivé quatre fois en trois ans, pour des sommes entre 10 000 et 60 000 €. » Innoveo est chapeauté par un conseil d’administration et un conseil scientifique, des instances indépendantes.

« C’est un métier passionnant. Mais il faut être très disponible. On ne compte pas son temps. » Florence Saint-Cas est aidée par un étudiant en alternance (de Brest Business School) depuis trois ans, notamment pour les réseaux sociaux. Arkea a aussi mis à disposition une salariée spécialisée en communication, durant un an, du « mécénat en compétence ».

Innoveo s’est fixé 25 % de progression en 2021, mais sa réalisation sera compliquée en raison du Covid-19. Les dons sont en baisse par rapport à l’an passé.

Laurence GUILMO.

 

*En partenariat avec la rédaction