Interview du Pr Divi Cornec, rhumatologue au CHU de Brest et directeur de l’unité mixte Université de Bretagne Occidentale-Inserm LBAI (lymphocytes B, auto-immunité et immunothérapies) :

CHU de Brest
14/06/2023
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« L’un de nos projets de recherche vise en particulier à caractériser des lymphocytes B auto-réactifs présents dans le cas d’une maladie bien précise : la vascularite à ANCA, laquelle se caractérise par une inflammation des vaisseaux de petit calibre. Notre programme de recherche a débuté en 2015 en collaboration avec la Mayo Clinic, un centre hospitalo-universitaire et de recherche américain de réputation mondiale (Rochester, Minnesota). Notre but est d’identifier, parmi la population des lymphocytes des patients, les cellules responsables de la réaction auto-immune de l’organisme humain, à l’origine de la synthèse d’auto-anticorps. Ceci dans l’espoir de développer de nouveaux traitements qui cibleront de manière spécifique et exclusive les lymphocytes anormaux. Nous disposerions alors de traitements en mesure d’améliorer le phénomène d’auto-immunité mais sans pour autant créer d’immunodépression, c’est-à-dire sans affaiblir le système immunitaire de l’hôte. La vascularite à ANCA nous servira de « modèle » afin de développer une stratégie d’immunothérapie innovante ciblant la réaction auto-immune. Cela rejoint parfaitement la stratégie de recherche du MIB à Marseille et sa région, qui est de comprendre la spécificité des lymphocytes B des patients atteints de cancer. L’hypothèse formulée est que les patients qui guérissent de leur cancer ont sans doute développé une réaction immunitaire pour contrer la prolifération tumorale. L’idée est de la copier et de mettre au point des thérapies anticancéreuses. Par ailleurs, dans certaines maladies infectieuses, à l’instar de ce qui a été observé chez les personnes ayant contracté la Covid-19 où l’organisme des patients guéris produisait des anticorps contre le virus SARS-CoV-2, nous avons appris à copier la réaction immunitaire et nous avons pu développer des anticorps monoclonaux. Il s’agit de reproduire cette recherche dans d’autres maladies infectieuses. À l’inverse, dans les maladies auto-immunes (lupus, diabète de type 1, polyarthrite rhumatoïde, etc.), nous voulons empêcher la réaction auto-immune de l’organisme. Le but est ici d’identifier les éléments constitutifs du système immunitaire qui sont anormaux afin de les neutraliser de manière ciblée grâce à de nouveaux types de médicaments (anticorps monoclonaux, CAR-T cells, etc.). »