Ambulancière à l’hôpital, un « métier passion »

Les métiers de l’ombre à l’hôpital. Valérie est ambulancière à la Cavale-Blanche depuis trois ans. Elle évoque son métier avec humanité et passion
Rencontre
Elle fait à peine 35 ans et en avoue pourtant 48. Cette ancienne éducatrice sportive et maître-nageur pendant 20 ans a décidé de se tourner vers les soins il y a cinq ans. Après une formation de quatre mois et demi à l’Institut français des ambulanciers (Ifa), Valérie intègre un organisme privé puis est embauchée à la Cavale-Blanche en 2018. « Le secourisme et les soins sont deux domaines qui m’intéressent. Et puis j’aime aussi conduire… » Si ses créneaux horaires changent chaque semaine, ses premiers gestes de la journée sont toujours les mêmes. « Je commence par me mettre en tenue puis je pars désinfecter le véhicule qui m’a été affecté pour la journée. Un geste que je vais répéter entre chaque patient.
Dix à douze courses par jour
Cette mission terminée, Valérie est appelée pour sa première course. Une ligne qui s’affiche sur son téléphone avec toutes les informations concernant le patient, son identité, son âge, son lieu de prise en charge et d’arrivée, son état de mobilité et l’environnement médical qu’il faudra transporter avec lui. « Ou c’est un transfert d’un service à l’autre ou d’un hôpital vers un autre site. Nous renseignons chaque étape de la prise en charge jusqu’à la fin. En général, il ne se passe pas une minute avant l’annonce de la fin et ma seconde mission. »
Au total, Valérie, comme la plupart des 23 ambulanciers qui composent l’équipe, effectue pas moins de dix à douze courses par jour. « Tout va dépendre de l’état du patient, s’il marche ou pas, si nous sommes pris dans des bouchons… » Si le transport des patients constitue le cœur de métier de Valérie, d’autres missions lui reviennent également. Le transport de matériel stérilisé destiné à un bloc opératoire ou celui des prélèvements de sang ou d’urine un week-end sur quatre ou cinq à acheminer de l’hôpital Morvan jusqu’au laboratoire de la Cavale « en moins de vingt minutes entre le reçu du prélèvement jusqu’au dépôt », précise Valérie.
Des transports sous haute surveillance
Le transport de corps ou de fœtus vers le funérarium relève également de ses compétences. « C’est la partie la plus dure de notre métier, surtout quand on a connu la personne. » Des transports sous haute surveillance pour ne jamais prendre le risque de croiser quelqu’un. « Il y a tout un protocole lié à ces transports, tout un cheminement dans l’hôpital. On bloque les issues, l’ascenseur, on ferme les portes de malades en leur demandant de ne pas sortir de leur chambre. »
Si cet aspect du métier n’est pas le plus « joyeux », c’est assurément le lien humain et le contact qui motivent Valérie à se lever chaque matin. « À force de les transporter, nous nouons des liens très forts avec certains patients. Certains restent silencieux mais d’autres ont besoin de parler. Ce moment de calme est pour beaucoup un temps pour se libérer. C’est toujours plus facile de parler devant des inconnus… »
Psychologue et assistante sociale aussi
Brancardier, conducteur hors pair, mais aussi psychologue et assistante sociale, il y a un peu de tout cela dans le métier d’ambulancière. « J’ai été amené à transporter très souvent une petite jeune fille de 16 ou 18 ans qui souffrait d’anorexie, raconte Valérie. Elle était perdue, se cherchait. Nous parlions beaucoup. Un jour, je l’ai croisé et elle m’a dit qu’elle sortait enfin. » « C’est un peu grâce à vous, j’espère ne plus jamais vous revoir ! » Rassurer, accompagner, soulager par les gestes ou par les mots fait partie du quotidien de Valérie. « J’aime particulièrement accompagner des patients issus de la gériatrie ou de la psychiatrie. J’aime ces gens. Ce sont des univers complexes, souvent irrationnels… »
Certaines histoires lui laissent encore le sourire. Comme celle de ce patient parti de Bohars pour Paris « parce qu’il voulait voir la tour Eiffel… » Une escapade qui lui avait valu d’être récupéré quelques jours plus tard alors qu’il avait à nouveau été hospitalisé sur place. « Nous étions partis pour Paris à deux ambulanciers accompagnés de deux infirmiers psychiatriques dans le véhicule. C’est le protocole standard pour ce type d’intervention. »
Ouest France du 20/10/21
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