20 ans de l’hélicoptère du SAMU29 et mise en circulation du nouvel hélicoptère. L’ensemble du personnel du CHU et leur famille sont invités aux portes ouvertes le 6 juillet de 14h à 17h.

L’HELICOPTERE DU SAMU29
UNE AVENTURE HUMAINE DEMARREE IL Y A 20 ANS
L’hélicoptère du SAMU 29 a permis de faire entrer un pan complet de professionnels dans un champ très fermé, avec le respect mutuel comme règle d’or. Depuis 20 ans, pilotes et professionnels de santé travaillent main dans la main sur une des bases aériennes les plus performantes de France.
Les missions de l’appareil d’urgence occupent un sixième des activités SMUR du SAMU 29, soit une part très importante. Le département médecine d’urgence du CHU de Brest, avec à sa tête le Pr Querellou, représente lui-même « un énorme paquebot de 250 agents et plus de 75 médecins » qui regroupe le Samu, le Smur, les urgences de la Cavale Blanche et du site de Carhaix. Le Pr Querellou souligne le travail de préparation colossal (une dizaine d’années) qui a été nécessaire avant l’arrivée du premier hélicoptère, en 2002. « La thèse de Lise Thomas, aujourd’hui médecin urgentiste à Keraudren, a servi de support pour monter le dossier initial et définir les modalités d’ouverture de la base hélico du SAMU 29. »
Jusqu’aux années 2000, la totalité des transferts était assurée par la Sécurité civile de Quimper, et l’implantation du Dragon plus au sud, en Cornouaille, provoquait une vraie perte de chances pour les patients (dans les zones du nord Finistère ou même de Ouessant notamment).
Base de Brest : une des plus opérationnelles du territoire français
Une fois actée la décision d’implanter une base aérienne d’urgence, la direction du CHU a tout de suite voulu ériger celle-ci comme un outil solide, dès sa création : « La direction générale a décidé de créer d’emblée un ensemble aérien en dur, qui comprend l’espace de posée, des espaces de vie et d’acheminement… La mise en route a été facilitée dès le début », souligne Pr Querellou, qui rappelle que l’emprise aérienne représente une contrainte de taille pour un centre hospitalier. Mais « le choix de la direction a toujours consisté à lui consacrer les meilleures conditions possibles », confirme Frédéric Le Mouillour, pilote depuis les débuts, qui salue cet accompagnement fort.
Le contrat est quant à lui conduit au niveau régional, par l’ARS, avec le CHU de Brest en tant que chargé de dossier. Le premier marché a été remporté par HeliOcéan, puis Mont Blanc Hélicoptère. Depuis 2015, c’est la société Babcock qui remplit le contrat, et qui vient de fournir un EC 145, « un outil ultra puissant, à la pointe de la modernité », se réjouit le pilote. « Avec de véritables capacités de travail à bord », souligne le professeur, qui indique qu’au bout de 20 ans et grâce à l’écoute des constructeurs (Airbus), les équipes de soignants jouissent d’un marché mature, avec des outils adaptés.
Partis de zéro il y a 20 ans, les SAMU de France disposent aujourd’hui d’un parc d’une cinquantaine d’appareils, dont l’usage a lui-même évolué : « Jusqu’à présent l’hélicoptère servait avant tout de « taxi », désormais il peut servir d’ambulance », grâce aux nombreux aménagements et améliorations des conditions de travail à bord.
La base hélicoptère du CHU de Brest enregistre un des plus gros volumes d’activité de missions primaires en France, avec un nombre de missions très important : entre 750 et 800 par an, soit plus de 15 000 interventions en 20 ans (lire aussi l’encadré).
Il existe d’autre part, depuis les débuts également, une grande synergie entre les équipes médicales du CHU et les professionnels de l’aérien. Car derrière l’hélicoptère du SAMU gravite un grand nombre de personnes, du technicien au médecin en passant par le pilote, « une vraie chaine complète de professionnels ». « Plus de cinquante médecins et 25 infirmiers sont déjà montés à bord, tous avec une formation obligatoire de sécurité aux abords d’aéronefs », indique le Pr Querellou.
Deux univers intimement mêlés
Le monde aérien obéit à des contraintes qui lui sont propres et qui prédominent sur les exigences médicales, c’est pourquoi les deux univers doivent se connaître et se respecter pour garantir un bon fonctionnement : « L’ensemble des acteurs, soignants et pilotes, assurent un travail de lien permanent, montant et descendant, sans que jamais la composante santé ne mette la pression sur les contraintes aériennes. » Les règles d’engagement suivent une demande simple, à savoir si le pilote est en mesure d’effectuer un déplacement d’un point A à un point B. « L’absence permanente de confusion entre vitesse et précipitation constitue une règle de base intangible. »
S’il n’y a pas de différence fondamentale entre le routier et l’aérien, la particularité reste l’élément temps : on estime que l’équipe médicale peut gagner jusqu’à deux tiers du temps en hélicoptère, ce qui accroît considérablement le caractère opérationnel de l’outil. Les missions dites secondaires, c’est-à-dire de transfert interhospitalier, constituent une activité croissante d’année en année, « parce que des plateaux techniques ferment, il est vrai, mais aussi et surtout parce que les établissements se spécialisent autour de techniques de soins de pointe. Brest est ainsi devenu centre de référence départemental en traumatologie grave, Nantes en chirurgie pédiatrique. Des pathologies rares ou complexes peuvent être plus facilement soignées auprès des centres spécialisés », souligne le Pr Le Querellou, qui ajoute que, grâce à l’hélicoptère, les AVC ont également bénéficié d’une prise en charge nouvelle, dans la mesure où c’est ici la rapidité qui compte. « L’hélicoptère est un outil qui permet de faciliter le transfert de patients aux pathologies très particulières », conclut-il.
D’ailleurs durant le période du Covid, l’aérien de la santé ne s’est jamais arrêté. « C’est devenu un véritable poids lourd du transport par hélicoptère », notent médecin et pilote.
L’Airbus H145D3, hélicoptère nouvelle génération livré en juillet 2022
L’industriel Babcock, titulaire du marché de l’hélicoptère du SAMU depuis 2015, assure la continuité de l’exploitation, depuis la maintenance de l’appareil jusqu’à la gestion de l’équipe aéronautique. La société vient de fournir au CHU de Brest un hélicoptère de dernière génération qui va encore renforcer la qualité de la prise en charge des patients et améliorer les conditions de travail des soignants.
La société Babcock vient de mettre à disposition du CHU de Brest un Airbus H145D3, soit un hélicoptère toute dernière génération (le premier vol a été effectué en 2021) qui compte trois améliorations majeures par rapport au modèle précédent (l’EC135) : le volume de la cabine est considérablement augmenté (de 30 % environ), ce qui permet une meilleure prise en charge du patient grâce à des conditions de travail plus fonctionnelles pour le personnel médical ; l’autonomie de vol s’accroît pour atteindre 2h30 ; enfin les divers équipements technologiques améliorent notablement le confort de pilotage et rendent l’appareil opérationnel dans des conditions météorologiques encore plus défavorables. « Les nouveaux équipements vont permettre d’abaisser les minima météo tout en respectant le plus haut niveau de sécurité », précise Christophe Mauron, directeur d’exploitation aérienne Babcock.
Ces nouveaux équipements concernent en particulier des jumelles de vision nocturnes, qui garantissent « une meilleure visibilité et une meilleure compréhension de l’environnement ». Les pilotes ont reçu une formation de quatre semaines pour s’approprier les nouvelles fonctionnalités de l’appareil, puis bénéficieront d’un autre cycle de formation afin de découvrir l’usage des jumelles de vision nocturne (celles-ci seront intégrées à leur casque dans un second temps). « Une petite formation pour les personnels soignants concernés sera également prévue, au fur et à mesure de la disponibilité de chacun », précise le directeur de Babcock.
D’un point de vue technique, l’appareil de nouvelle génération dédié aux missions sanitaires présente une nouvelle conception du rotor principal qui offre une conduite plus douce, nécessite moins d'entretien et augmente la charge utile de 500 kg par rapport à l’appareil utilisé précédemment (l’EC135 avait une charge utile de 900 kg). Le niveau de nuisance sonore particulièrement faible du H145D3 en fait par ailleurs l’un des appareils les plus silencieux de sa catégorie.
L’équipage pourra se composer d’un pilote, un membre d’équipage technique, trois passagers médicaux, un patient.